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Les aberrations politiques 2

Le scandale des commandites

Texte de Wikipédias :

Le scandale des commandites est une affaire politique canadienne relative à l'usage de fonds publics pour financer diverses opérations de relations publiques visant à contrecarrer les actions du Parti québécois en faveur de la souveraineté du Québec. Dans la perspective de sensibiliser l'opinion publique québécoise sur les actions positives du gouvernement fédéral canadien dans la province du Québec, d'importants contrats ont été signés avec des agences publicitaires. Mais l'usage des sommes allouées, l'efficacité de la campagne et le montant des contrats n'ont pas fait l'objet d'évaluations et de contrôles stricts.

L'implication du Parti libéral du Canada, au pouvoir de 1993 à 2006, est importante dans cette affaire qui se déroula de 1997 à 2003. Les fonds publics investis ont été évalués en 2005 à 332 millions CAD1.

Paul Martin, Premier ministre du Canada, a créé en 2004 la Commission Gomery, chargée de faire la lumière sur ce scandale.

Entre 2004 et 2005, les répercussions du scandale et les révélations faites devant la commission Gomery ont alimenté le conflit au sein du Parti libéral du Canada entre les partisans de Jean Chrétien et ceux de Paul Martin. Les libéraux ont généralement suivi les conclusions de la commission Gomery en interprétant les détournements de fonds publics comme les conséquences des actions d'un petit groupe restreint et corrompu au sein du précédent gouvernement libéral, et en particulier au sein du cabinet de l'ancien Premier ministre Jean Chrétien. Les proches du nouveau premier ministre Paul Martin ont dénoncé une culture de la corruption au sein de l'administration précédente et affirmé que les éléments problématiques avaient été écartés de la nouvelle administration fédérale.

Paul Martin et son camp au sein du Parti libéral ont œuvré pour se dissocier de ce scandale, en rejetant la responsabilité sur Jean Chrétien et son groupe. Ils ont également pointé les nombreux départs qui ont accompagné la fin du gouvernement de Jean Chrétien, et en particulier celui de l'ancien ministre John Manley.

Le camp de Jean Chrétien a dénoncé la récupération du scandale à des fins de politique interne au Parti Libéral, et comme excuse pour retirer de leurs postes au sein du parti et du gouvernement des partisans de Jean Chrétien qui n'avaient aucune responsabilité dans cette affaire. Les importants remaniements au sein du nouveau cabinet de Martin, et son refus de signer les nominations d'affiliés à Jean Chrétien, sont en particulier fréquemment cités en exemples de cette politique. De nombreuses voix se sont élevées au sein du camp de Jean Chrétien pour dénoncer la mise en place de la Commission Gomery comme un outil visant à discréditer son administration, et pour remettre en cause l'impartialité de cette commission.

Le Parti conservateur du Canada a dénoncé une culture de corruption inhérente au Parti Libéral, et le scandale des commandites est l'un des points clés de leur campagne pendant l'élection fédérale de 2006 qui a porté les conservateurs au pouvoir.

Le Mouvement souverainiste du Québec, représenté au parlement fédéral par le Bloc québécois, et au gouvernement de la province par le Parti québécois, a dénoncé ce scandale odieux. Le parti libéral a payé pendant une décennie avant de reprendre le pouvoir.  

Le scandale Pierre Poutine en 2011

APPELS FRAUDULEUX DE PIERRE POUTINE EN 2011

29 Février 2012

Texte de Hélène Buzetti dans  le journal « Le devoir »

 

Ottawa — Pierre Poutine existe. Il habite à Joliette. Dans la rue Séparatiste. C'est du moins ce qu'a tenté de faire croire la personne ayant acheté comptant le téléphone portable jetable à partir duquel ont été commandés les appels frauduleux dirigeant les électeurs vers des bureaux de scrutin inexistants lors de la dernière élection fédérale.

Selon des documents de cour obtenus par Postmedia News, ce Pierre Poutine a acheté un téléphone Virgin Mobile, l'a activé le 30 avril 2011, soit deux jours avant l'élection, et ne l'a utilisé que pour contacter la firme d'appels robotisés Racknine Inc. Les appels robotisés commandés ont ensuite été faits dans la circonscription ontarienne de Guelph. Ils affirmaient à tort appeler au nom d'Élections Canada pour avertir que le bureau de scrutin avait été déplacé au Old Quebec Street Mall, dans le quartier historique de Guelph. C'était faux.

Il y a un restaurant appelé Pierre Poutine à Guelph, tout à côté du Old Quebec Street Mall. On ignore encore qui se cache derrière ce Pierre Poutine, mais l'opposition se dit convaincue qu'il s'agit d'un conservateur. «Je pense que le fait d'avoir utilisé un téléphone cellulaire du Québec, un met national comme la poutine avec une rue qui s'appelle la rue Séparatiste montre un petit peu le dédain que les conservateurs ont envers les Québécois», a soutenu le député néodémocrate Alexandre Boulerice. 

Élections Canada enquête du côté du Parti conservateur. Les documents légaux nous apprennent aussi que les membres de l'équipe conservatrice locale de Guelph ont appelé Racknine à 31 reprises pendant la campagne électorale, ce qui en soi ne prouve pas que des activités illégales ont été commises. Toutefois, selon le rapport financier du candidat conservateur, la campagne n'a pas versé un sou à Racknine.

Un membre de l'équipe conservatrice de Guelph a déjà affirmé qu'il avait commandé à Racknine des appels le jour du vote pour contrecarrer les appels frauduleux. Qui a payé pour ces appels? Personne du Parti conservateur ou de la campagne conservatrice locale de Guelph n'a répondu à nos questions hier. «Il est raisonnable de croire qu'il existait une forme de relation commerciale entre la campagne du conservateur Marty Burke à Guelph lors de la 41e élection générale et Racknine Inc., ou entre certains travailleurs de la campagne de M. Burke et Racknine Inc.», écrit dans ces documents légaux Al Mathews, l'enquêteur d'Élections Canada.

À la Chambre des communes, où encore une fois cette histoire d'appels frauduleux a occupé la période de questions, le premier ministre Stephen Harper s'est lancé en mode attaque contre l'opposition. Plus catégorique que la veille, il a mis au défi les partis d'opposition de prouver que son parti était responsable des appels. Il a remis sur le nez des libéraux leur responsabilité dans l'affaire Vikileaks30, et sur celui du NPD les appels faits au bureau de leur ancienne députée Lise St-Denis, passée au Parti libéral. «Le NPD a fait des appels à un bureau de député de cette Chambre pour bloquer ses lignes téléphoniques [...]. Le NPD n'a aucune crédibilité quand il fait de telles allégations», a lancé M. Harper. Le NPD a cautionné des appels robotisés dans Saint-Maurice-Champlain. Les électeurs fâchés de la décision de leur députée pouvaient appuyer sur une touche pour être mis en contact avec le bureau de Mme St-Denis. La pratique n'est pas illégale.

Quand le libéral Bob Rae s'est à son tour levé pour rappeler au premier ministre que c'est le Parti conservateur «qui détient la majorité de la preuve» dans cette affaire d'appels frauduleux, M. Harper a encore une fois utilisé l'attaque. «Hier [lundi], le chef du Parti libéral a dû prendre la responsabilité des attaques de libéraux contre le ministre de la Sécurité publique. Maintenant, il reprend des attaques formulées par des libéraux contre des douzaines de députés conservateurs. Il doit se lever et prendre la responsabilité de cela aussi.» Lundi, Bob Rae a dû reconnaître que Vikileaks30 était l'oeuvre d'un libéral.

Les conservateurs sont d'ailleurs allés plus loin que jamais dans leur démenti dans cette histoire. Là où, la semaine dernière encore, l'implication possible d'un militant conservateur isolé était évoquée, elle est maintenant complètement écartée. «On ne peut pas simplement faire de telles accusations. On doit fournir des preuves et nous ne croyons pas que de telles preuves existent parce que ce n'est pas nous qui l'avons fait», a lancé le secrétaire parlementaire du premier ministre, Dean Del Mastro. Il a même déclaré que «le Parti conservateur nie toute implication, quelle qu'elle soit, dans les questions relatives à Guelph».

***

Vikileaks30 sommé de comparaître en comité

Ottawa — Les conservateurs veulent intimer le responsable de Vikileaks30 à comparaître en comité parlementaire. Le député Dean Del Mastro a déposé une motion au Comité de l'éthique, hier, demandant que les députés se penchent sur «l'utilisation des ressources de la Chambre des communes pour dissimuler cette attaque publique anonyme» contre le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews. Les députés doivent voter demain, mais la majorité conservatrice risque d'obtenir gain de cause. La motion prévoit la comparution d'Adam Carroll le 8 mars. Lundi, le chef libéral par intérim, Bob Rae, a causé la surprise en annonçant que le compte Twitter Vikileaks30 avait été créé par M. Carroll, un employé du bureau de recherche de son parti, et il avait présenté ses excuses au ministre. L'internaute a exposé sur Twitter les détails du divorce acrimonieux de 

M. Toews, tirés de documents judiciaires déjà publics, par le biais de l'adresse IP de la Chambre des communes. Le compte avait été créé à la suite du tollé qu'a suscité le projet de loi C-30 déposé par M. Toews, qui accorderait aux policiers des pouvoirs d'enquête accrus, dont celui d'obtenir sans mandat des renseignements nominatifs d'internautes qui les intéressent.

La petite histoire

de la corruption

au Québec

Écrit par Gilles Laporte Historien dans le Huffington Post

L'enjeu de l'intégrité marque la fin de la campagne. Et pour cause. S'assurer que nos impôts soient gérés avec rigueur et honnêteté est la tâche essentielle de n'importe quel gouvernement.

L'expression « intégrité » revêt deux dimensions. L'une, concerne l'éthique proprement dite : le sens moral de ceux qui nous dirigent. J'ai abordé cette dimension dans un précédent texte. Elle tient aux convictions de chaque individu, à la sincérité de son engagement et à l'éducation qu'il a reçue ; des valeurs que j'ai ramenées au patriotisme et au désir sincère de contribuer au bien commun. L'autre dimension est d'ordre technique et concerne les mécanismes qui mènent à la corruption du pouvoir en place.

La corruption est un phénomène endémique dans l'histoire du Canada, tant au niveau fédéral, provincial que municipal. Tantôt elle progresse, tantôt elle recule en fonction de mécanismes assez constants : le pouvoir corrompt et s'en guérir exige un certain purgatoire pour le gouvernement qui y a succombé.

Depuis toujours le stratagème est le même : offrir à des entreprises privées de lucratifs contrats publics en échange de contributions au parti au pouvoir. Pour qu'il y ait corruption, il faut donc exercer le pouvoir. Un parti dans l'opposition aura beau être peuplé de bandits, il ne peut faire que de vagues promesses à ses « partenaires », tant qu'il n'a pas la haute main sur les deniers publics.

Dès 1867, la Confédération répartissait les pouvoirs, mais tout autant les sources de corruption. Responsable du chemin de fer, de la navigation et du commerce international, le niveau fédéral a pu très tôt pratiquer la corruption à grande échelle auprès des entreprises de transport et des entreprises multinationales. Dès 1873, le scandale du Pacifique illustre comment la plus grosse entreprise au Canada, le Canadien Pacifique, a pu massivement contribuer à la caisse du Parti conservateur en échange du lucratif contrat du transcontinental canadien.

À l'autre bout du spectre, les municipalités, dotées de pouvoir en matière de voirie et d'hygiène, ont aussi eu accès à une « petite corruption », celle menée auprès des entreprises d'excavation et d'utilité publique (électricité, gaz, égouts). De Montréal à Mascouche, le modèle est le même : en échange de faveur ou de pot-de-vin, les élus municipaux accordent des contrats à certains entrepreneurs pour le compte de la municipalité.

L'État québécois fut longtemps le parent pauvre de la corruption parce que ses sources de revenus n'étaient pas claires et que ses pouvoirs portent surtout sur les services sociaux et d'éducation, des domaines longtemps contrôlés par le clergé catholique... une organisation réputée moins sensible à la corruption.

La corruption telle qu'on la connaît fait surtout son apparition au début du XXe siècle quand le gouvernement du Québec peut soudainement compter sur les revenus tirés des ressources naturelles : pâtes et papiers, mines et hydro-électricité notamment. Au pouvoir de 1897 à 1936, le Parti libéral du Québec et les entreprises multinationales américaines nouent alors des ententes visant à offrir aux multinationales des ressources à très bas prix, des congés de taxes, la paix sociale et une réglementation très avantageuse en matière d'environnement. En contrepartie, des compagnies comme la Montreal Ligth Heath & Power, la CIP ou la Canada Copper, contribuent pour des millions à la caisse électorale du Parti libéral et récompensent les membres du gouvernement en offrant par exemple un siège au conseil d'administration de la Banque de Montréal à un ancien premier ministre libéral. Le coût pour les contribuables et pour le milieu naturel québécois a beau être élevé, cette corruption du gouvernement libéral permet au Parti libéral de financer sa réélection à onze élections générales consécutives !

Lors de l'enquête des comptes publics de 1935, un certain Maurice Duplessis met au jour quarante années de corruption libérale. C'est cependant surtout la misère consécutive à terrible crise des années 1930 qui viendra à bout du régime libéral. Les libéraux sont de retour au pouvoir dès 1939. Ce purgatoire aura cependant été salutaire, puisque le chef Adélard Godbout peut désormais s'appuyer sur une équipe renouvelée permettant de rompre avec les liens pervers noués avec les multinationales américaines.

De 1944 à 1960, c'est l'Union nationale de Maurice Duplessis qui exerce le pouvoir et qui est donc exposée à la corruption. On a beaucoup exagéré la malhonnêteté de ce gouvernement. D'abord, l'Union nationale n'est certainement pas le premier ni le dernier parti à côtoyer la corruption. Ensuite, le régime Duplessis choisit de s'affranchir du pouvoir des « puissances d'argent » en menant la corruption à plus petite échelle, notamment auprès des élites locales et les petits entrepreneurs de qui il soutire une « ristourne » de dix pour cent sur chacun des contrats publics et versée à la caisse électorale de l'Union nationale. Ce « trésor de guerre » a permis à l'Union nationale de remporter quatre élections générales consécutives.

Rendue aux élections de 1960, l'Union nationale apparaît une formation usée et corrompue. Plusieurs scandales éclaboussent alors des hauts placés du parti qui est finalement battu. Autour du slogan « Il faut que ça change », le gouvernement Lesage entreprend ensuite d'assainir les mœurs politiques et de réformer l'administration publique. Tout le long de sa carrière, un certain René Lévesque, d'abord avec les libéraux puis à la tête d'un gouvernement péquiste, entreprend de réformer les pratiques électorales, notamment en 1977, en forçant tous les partis à divulguer leurs sources de financement et en interdisant les contributions anonymes ou provenant d'entreprises faisant affaire avec le gouvernement. Cette loi fut progressivement contournée devant l'irrésistible attrait que représentent toujours les contrats du gouvernement, mais assurera pour 25 ans un assainissement substantiel des mœurs politiques au Québec.

Durant ses neuf années au pouvoir, de 2003 à 2012, le Parti libéral de Jean Charest n'a pas eu à réinventer la roue. Le but demeure le même : obtenir des contributions au parti en échange de contrats avantageux. On aura simplement contourné la loi de 1977 en recourant à divers stratagèmes comme le prête-nom, la comptabilité factice et les activités de financement fantômes, permettant aux entreprises faisant affaire avec le gouvernement de continuer à contribuer à la caisse du parti.

Faisons maintenant le point. La corruption fait intervenir deux acteurs : des entreprises souhaitant obtenir des contrats publics et un parti au pouvoir qui utilise les fonds publics pour financer sa réélection. On oublie trop souvent que la corruption n'a de sens que si un parti est au pouvoir. Dans l'opposition, un parti ne peut guère que faire des promesses à ses « associés ». Or, depuis dix ans, un seul parti a été au pouvoir et est donc susceptible d'avoir pu pratiquer la corruption à grande échelle : le Parti libéral du Québec. Au pouvoir de 1994 à 2003, qui a entendu parler d'un système de corruption à grande échelle au Parti québécois ? Rien à ma connaissance à part quelques accords douteux noués avec la FTQ, notamment pour la papeterie Gaspésia. Qu'à cela ne tienne, rien ne sert de chercher depuis des cas de corruption autour du PQ, puisqu'il était confiné à l'opposition. Quant aux 18 derniers mois, le PQ s'est plutôt retrouvé sous haute surveillance et a même entrepris d'assainir les mœurs politiques.

L'autre observation qu'on peut faire, c'est qu'une fois un parti au pouvoir atteint par la corruption, il semble impossible de l'en guérir tant qu'il n'a pas séjourné dans l'opposition pour y renouveler ses effectifs et renouer avec sa raison d'être. Le purgatoire fut particulièrement long pour le vieux parti conservateur du Québec, corrompu et finalement battu en 1897 et qui ne revient au pouvoir que profondément transformé et sous un nouveau nom en 1936, l'Union nationale. Il en va de même pour le Parti libéral, corrompu par quarante de collusion avec les multinationales, mais qui reprend le pouvoir complètement transformé en 1960, à l'origine de la Révolution tranquille. Quelles qu'aient été les pratiques du Parti québécois de René Levesque ou de Lucien Bouchard, le moins qu'on puisse dire est que le Parti québécois a eu l'occasion de renouveler ses effectifs et ses façons de faire : à part la première ministre elle-même et le doyen de l'Assemblée nationale, M. François Gendron, littéralement aucun membre du caucus actuel ne faisait partie du précédent gouvernement péquiste.

Atteint comme les autres par la corruption, le Parti libéral de Philippe Couillard a-t-il connu le même indispensable purgatoire ? Quand en pense que 18 anciens ministres de Jean Charest sont toujours en lice aux élections, sans doute en convoitant le même portefeuille ministériel, on a toutes les raisons d'en douter.

Le Parti libéral du Québec n'a pas pu renouveler ni ses effectifs, ni son programme, ni ses manières de faire. La difficulté du chef actuel à rompre clairement avec le lourd héritage de son prédécesseur montre combien cette rupture est difficile, mais nécessaire. En conséquence, puisque le passé est garant de l'avenir, le Parti libéral de Philippe Couillard n'est certainement pas celui le mieux à même de mettre fin aux pratiques de corruption et de collusion dans l'administration publique. En attendant les prochaines révélations à la Commission Charbonneau, et compte tenu des habitudes bien installées, le Parti libéral du Québec apparaît plutôt comme une bombe à retardement d'où la classe politique et tout le Québec pourraient encore une fois sortir perdants.

La crise d'Octobre 1970

la loi des mesures de guerres.

Texte provenant de Wikipédia.

Dès le début des années 1960, le Québec est en pleine période de changement. Le gouvernement libéral de Jean Lesage prend le pouvoir après 15 ans de gouvernance de l'Union nationale. Le nouveau gouvernement modifie le système de santé et d’éducation, passant aux mains de l'État québécois. Le système de santé devient accessible à tous. L’école devient gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans. René Lévesque, ministre des Ressources hydrauliques et des Travaux publics, nationalise l’électricité et en confie la gestion à Hydro-Québec.

Le Québec, vers la fin des années 1960, n'est pas en bonne posture économique. Le taux de chômage atteint des sommets; le taux d'inflation est très élevé. L'économie du Québec est en récession dès 1966. Durant la période de la Grande Noirceur, les Québécois sont souvent victimes du pouvoir des Anglophones. Ces derniers occupent toujours les postes les plus importants et contrôlent l’économie québécoise. Les francophones sont résignés à travailler comme ouvrier dans des usines appartenant à des Anglophones. Nombreux sont les Québécois qui ne peuvent plus parler leur langue au travail ou qui doivent maîtriser l’anglais pour trouver un emploi. Bien que la position des Québécois ait connu des changements avec l’arrivée de la Révolution tranquille, les Anglophones ont toujours une grande partie du monopole économique au Québec. Cette situation choque le peuple québécois qui n’a plus le contrôle de sa propre province. Un bon nombre s’indigne de la place occupée par les Anglophones dans leur économie.

Des mouvements comme le Front de Libération du Québec font valoir leur opinion sur ce problème et voient la souveraineté du Québec comme une solution. De plus, les gouvernements, provincial et fédéral déplaisent au FLQ puisque ceux-ci sont contre la séparation du Québec et n’aident pas les francophones dans leur lutte. Ces facteurs entretiennent un mouvement contestataire important qui finit par s'élargir en mécontentement général de la population.

Dans la foulée de la Révolution tranquille, quelques Québécois se radicalisent à la suite de certaines situations jugées injustes. Se révoltant contre le clergé catholique et une minorité québécoise principalement anglophone, ils ressentent l'appel au changement et la contestation. Un mouvement nationaliste se crée peu à peu et se rassemble sous l'égide d'un mouvement radical: Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), dirigé par Pierre Bourgault . En 1967 a lieu l’Exposition universelle de Montréal, ce qui permet au monde entier de venir visiter le Québec.

Durant cet évènement, Charles de Gaulle, président de la République française, vient visiter le Québec et déclare durant un discours : « Vive le Québec libre! ».

Cette phrase a pu paraître banale à plusieurs, mais pour certains, elle déclenche leur désir de séparation. La fête de la Saint-Jean-Baptiste de l’année 1968 est un autre événement marquant qui secoue les Québécois. À la veille des élections fédérales du 25 juin 1968, plusieurs centaines de manifestants se déplacent pour afficher leur indignation à des politiciens, dont Pierre Elliott Trudeau et Jean Drapeau.

Au cours de cette journée, aussi surnommée le lundi de la matraque, des arrestations musclées ont lieu, 290 personnes sont arrêtées. Le 14 octobre 1967René Lévesque démissionne du Parti libéral du Québec à cause de ses convictions, jugées trop nationalistes, pour fonder le Parti québécois l'année suivante, le 12 octobre 1968. Aux élections d'avril 1970, le Parti québécois arrive deuxième au vote populaire, mais à cause du mode de scrutin majoritaire, il ne parvient qu'à récolter 7 sièges à l'assemblée nationale. Le 27 mars 1970 a lieu un évènement hors du commun à Montréal : « La nuit de la poésie ». Durant une nuit entière, des milliers de personnes se donnent rendez-vous au théâtre du Gesù pour prêter l’oreille à des poètes québécois. Gaston MironClaude GauvreauRaoul Duguay font partie de cette liste d’artistes présents sur la scène cette nuit-là. Les principaux sujets traités par ces poètes sont l’identité québécoise, la langue française ainsi que la souveraineté. Cet événement, même s’il ne dure qu’une soirée, amène beaucoup de Québécois à cogiter sur l’idée de l’indépendance de la province.

Les membres du Front de Libération du Québec font valoir leur point de vue, depuis plusieurs années, à propos du reste du Canada. C’est par l’entremise de bombes et de dynamites placées près des bâtiments fédéraux comme des édifices militaires, des banques et même des boîtes aux lettres, que le FLQ démontre sa colère face à la situation critique au Québec, bien que la provenance de certaines d'entre elles restent controversée. Une enquête menée par le gouvernement québécois a tenté de prouver que certaines de ces bombes ont en fait été placées par la GRC (Gendarmerie Royale du Canada) dans le but de se faire passer pour le FLQ. Malheureusement cette enquête n'a jamais été menée à terme. Plusieurs felquistes sont arrêtés et emprisonnés pour les crimes qu’ils ont commis durant ces années. Cela crée donc de l’agitation chez le Front de Libération du Québec puisque beaucoup de membres souhaitent voir leurs camarades sortir de prison. Quelquefois, certains membres du FLQ se retrouvent en Gaspésie avec des pêcheurs et d’autres personnalités connues comme Plume Latraverse, pour partager leur révolte. Ils se rejoignent tous à la « Maison du pêcheur » de Percé et chantent, composent et discutent d’enjeux importants pour le Québec. Ces rencontres alimentent la ferveur des militants qui croient de plus en plus en leur cause et fortifient leur conviction

Le manifeste est envoyé par le Front de Libération du Québec aux médias lorsque les membres de la cellule Libération enlèvent James Richard Cross, le 5 octobre 1970. Il s’agit d’un discours à saveur politique, écrit en 1970 par certains membres influents du FLQ. Ces derniers rédigent le manifeste pour qu’il soit lu à la télévision et à la radio, afin que toute la population québécoise connaisse les revendications du FLQ. Le Manifeste est rédigé alors que le Québec est l’objet de tension et de division entre les fédéralistes et les souverainistes. Il est écrit pour expliquer bien plus que la question nationale, il dénonce aussi l’inégalité entre les Anglophones et les Francophones.

Le manifeste du FLQ a été écrit principalement par Jacques Lanctôt et André Roy, deux membres du mouvement. Jacques Lanctôt est né en 1945 à Montréal, il est le fils de Gérard Lanctôt14, un fasciste de droite connu pour ses propos racistes. Durant la Crise d’octobre, M. Lanctôt est chroniqueur pour le journal La Presse. Il est très au fait de la situation au Québec et croit que l’avenir de la province doit passer par une révolution. Jacques Lanctôt est un témoin direct de l’évènement puisqu’il participe activement à l'enlèvement de James Richard Cross.

André Roy, quant à lui, est né en 1943 au Québec. Tout comme Lanctôt, M. Roy espère un avenir meilleur pour le Québec et souhaite son indépendance. Les deux hommes écrivent donc le manifeste du FLQ dans cette optique, tout en ayant en tête l’enlèvement d’une figure politique importante. André Roy n’est pas un témoin direct de la Crise d’octobre puisque, quelques mois avant les évènements, il est emprisonné, car la police est au courant de ses intentions. Jacques Lanctôt ajoute le nom d’André Roy à la liste de prisonniers politiques devant être libérés dans le Manifeste du FLQ (Trait, 1970). Ce document historique est écrit pour les médias dans l’intention qu’ils le lisent sur les ondes. Le 7 octobre 1970, le manifeste est récité à la radio CKAC et le lendemain il est lu sur les ondes de Radio-Canada par Gaétan Montreuil.

Jugeant que la situation politique est dans une impasse, un groupuscule indépendantiste à tendance révolutionnaire, le Front de libération du Québec, décide, le 5 octobre 1970, d'enlever le diplomate britannique James Richard Cross. Les services de police, qui s'étaient infiltrés dans le mouvement felquiste, savaient ce que le groupe clandestin planifiait, mais décidèrent de ne pas intervenir.

Le 8 octobre 1970, le lecteur de nouvelles Gaétan Montreuil effectue la lecture intégrale du Manifeste du FLQ à la télévision de Radio-Canada. Il précise au début et à la fin de la lecture du manifeste qu'il s'exécute dans un but humanitaire visant à sauver James Cross.

À la suite de ces enlèvements, Pierre-Elliott Trudeau contacte le Toronto Star et déclare à l'éditorialiste Peter Newman que les enlèvements font partie d'un complot pour renverser le gouvernement du Québec. Le Toronto Star relaye ses dires, qui créent une commotion dans tout le Canada, sans révéler sa source ni le fait que Trudeau n'avait aucune preuve de cette « insurrection appréhendée » sinon « les informations » qu'il avait amassées « depuis l'âge de trois ans ».

À la demande du Gouvernement du Québec et de l'administration municipale de Montréal, La Loi sur les mesures de guerre est déclarée le 16 octobre, à 4 heures du matin.

Le FLQ aurait été infiltré par la CIA.

Je vous réfère à un site www.republiquelibre.org où est expliqué que la CIA aurait infiltré le FLQ.

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