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        Lord dURHAM 

 Sa TENTATIVE D'ASSIMILATION

Envoyé pour enquêter sur les circonstances de la rébellion du Bas-Canada de Louis-Joseph Papineau et de la rébellion du Haut-Canada de 1837, il est l'auteur du célèbre rapport Durham.

Il administre le territoire du 29 mai 1838 au 29 septembre 1838 avec l'appui des autorités, mais s'oblige à démissionner lorsqu'une de ses ordonnances de déportation est rejetée par Londres. Il termine son rapport en janvier de l'an 1839.

Réformiste des Whigs de Londres, Lord Durham est décrit comme étant un homme indépendant d'esprit, courageux, franc et sincère, mais également arrogant, réformiste, révolutionnaire et whig radical. Depuis 1813, il est en effet député pour le Parti whig, soit le Parti libéral. Il propose plusieurs mesures réformistes pour son époque comme l’émancipation des catholiques, la liberté du commerce, l’éducation pour tous et la responsabilité ministérielle. Durham est aussi un proche de Lord Melbourne, qui devient en 1835 premier ministre. Cette relation permit à Lambton de devenir cette même année ambassadeur en Russie. Il occupa ce poste à Saint-Pétersbourg durant deux années, c'est-à-dire de 1835 à 1837.

 

Le 22 juillet 1837, dès son retour en Angleterre, Melbourne lui propose une deuxième mission hors du pays. Il s'agit cette fois d'aller faire enquête au Canada où une importante crise s'aggrave de jour en jour. Au départ, Lambton refuse catégoriquement cette offre. Néanmoins, dans le mois de décembre, Melbourne réussit à le convaincre en lui promettant des pouvoirs quasi dictatoriaux à titre de gouverneur du Canada en chef des colonies de l’Amérique du Nord britannique et de commissaire. C'est ainsi que le 29 mai 1838, lorsque Lambton arrive au Bas-Canada, sa principale responsabilité est de faire un rapport proposant des solutions aux Rébellions des Patriotes à partir de ses propres observations.

Il demande l'introduction d'un gouvernement responsable dans la politique canadienne. Il propose également de fusionner le Bas-Canada et le Haut-Canada dans le but d'assimiler les Canadiens français, ce qui lui valut plus tard des reproches. Lord Durham appuyait son idée sur ce qui lui apparaissait comme deux évidences: l'Amérique du Nord parle anglais, et l'anglais est une langue supérieure parlée par une « race supérieure ». Dans ces circonstances, ce serait une bien bonne chose, pour le Canadien français « inférieur », d'accéder à la supériorité en oubliant sa langue et sa culture au profit de l'anglais.

Il est aussi connu au Royaume-Uni pour avoir aidé à rédiger la réforme législative de 1832 en tant que Lord du sceau privé dans le gouvernement de Lord Grey. Il meurt de la tuberculose, peu après son retour en Angleterre, en 1840.

Il était franc-maçon initié en 1814 (Granby Lodge No. 124, Durham) et fut Grand Maître de la Grande Loge Unie d'Angleterre

Dans la première section, que l'on peut intituler ''une race inférieure'', il y a trois parties distinctes. En premier lieu, selon Lambton, les institutions françaises étaient encore présentes malgré la domination des Britanniques : « Les institutions de France durant la colonisation du Canada étaient, peut-être plus que celles de n'importe quelle autre nation d'Europe, propres à étouffer l'intelligence et la liberté de la grande masse du peuple. Ces institutions traversèrent l'Atlantique avec le colon canadien ». Selon Bourdon (1996, p. 39), malgré la conquête anglaise de 1760, les institutions de la France sont toujours présentes dans cette colonie . En plus de mentionner leur présence, Lambton critique ces institutions en disant d'elles qu'elles étouffent l'intelligence et briment la liberté des citoyens, comme s'il voulait sous-entendre que les institutions anglaises sont celles qui doivent être établies. En deuxième lieu, les Canadiens français sont attaqués et critiqués durement : « Ces hommes demeurent sous les mêmes institutions du même peuple ignare, apathique et rétrograde. […] Ces gens s'accrochèrent aux anciens préjugés, aux anciennes coutumes, aux anciennes lois, non à cause d'un fort sentiment de leurs heureux effets, mais avec cette ténacité irrationnelle d'un peuple mal éduqué et stationnaire ».

 

L'auteur a la volonté de décrire la population canadienne-française sous son mauvais jour. Il la voit comme étant idiote, ignorante, immobile et surtout, faible. Malgré cette critique sévère des francophones par Lambton, il est vrai de dire que ceux-ci sont peu éduqués. De 1830 à 1839, le taux d'alphabétisation au Bas-Canada passe de 15,4 % à 25,4 %. Cela équivaut désormais à une personne sur quatre . En troisième lieu, dans la dernière partie, tout ce qui est d'origine anglaise est considéré supérieur aux autres : « La langue, les lois et le caractère du continent nord-américain sont anglais. Toute autre race que la race anglaise y apparait dans un état d'infériorité. C'est pour tirer de cette infériorité que je veux donner aux Canadiens notre caractère anglais ». Lambton stipule en effet que toutes nations autres que celles d'origine britannique sont inférieures. Somme toute, selon Laporte (2000, p. 42-43), dans ces trois parties les Canadiens français sont peints de manière évidente comme étant des individus de race inférieure alors que les Canadiens anglais, eux, semblent être des gens d'appartenance supérieure. Cette attitude dénigrante qu'ont les Anglais envers les Français est un autre facteur explicatif du conflit entre les deux groupes linguistiques. Le fait d'être perçu comme étant des êtres inférieurs a sans équivoque accentué la colère et le désir de se rebeller des Patriotes.

Assimilation des Canadiens français

 

Dans la deuxième section, que l'on peut nommer l'assimilation des Canadiens français, il y a également trois parties à analyser. Premièrement, Lambton amène l'idée que pour assimiler les Canadiens français il doit y avoir une domination anglaise en réunissant le Haut et le Bas-Canada : « Je crois que la tranquillité ne peut être rétablie qu'à condition d'assujettir la province à la domination vigoureuse d'une majorité anglaise, et que le seul gouvernement efficace serait celui d'une union législative ». Il fait paraître cette tradition parlementaire britannique comme étant le meilleur moyen d'assimiler progressivement les Canadiens français, puisque ceux-ci deviendront en minorité démographique ainsi qu'en infériorité à la Chambre. Peu à peu, les francophones n'auraient alors d'autre choix que d'intérioriser la langue et la culture dominante anglaise. C'est de cette proposition que s'inspira par la suite l'Acte d'union de 1840. Deuxièmement, après la mise en place d'une nouvelle union, l'auteur propose l'arrivée massive d'immigrants britanniques : « Si l'on estime exactement la population du Haut-Canada à 400 000 âmes, les Anglais du Bas-Canada à 150 000 et les Français à 450 000, l'union des deux provinces ne donnerait pas seulement une majorité anglaise absolue, mais une majorité qui s'accroîtrait annuellement par une immigration anglaise ». Cette immigration anglaise permettrait une assimilation plus rapide des Canadiens français sous une domination démographique anglaise. Troisièmement, John George Lambton est très ferme sur un point, c'est-à-dire que la situation de minorité des Canadiens français fera disparaître naturellement leur peuple et leur nationalité : « Je ne doute guère que les Français, une fois placés en minorité par suite du cours naturel et légitime des événements et par le fonctionnement de causes naturelles, abandonneraient leurs vaines espérances de nationalité ». Une fois les francophones en minorité il deviendrait facile de les assimiler; or les assujettir lui semble un moyen efficace pour mettre un terme aux nombreux conflits, comme ceux des Rébellions des Patriotes.  

Louis-Joseph Papineau, chef des patriotes

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