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Pierre falardeau

                                                                                Biographie

                                                                                       Jeunesse

Né en 1946 dans l'est de Montréal, Pierre Falardeau grandit à Châteauguay. Son père Alphonse Falardeau (1914-1984)2, est employé dans une mercerie pour hommes puis directeur de la Caisse populaire de Châteauguay. Sa mère, détentrice d'un diplôme de maîtresse d'école, travaille dans une usine de l’Imperial Tobacco et n'enseignera qu'à partir de 45 ans.

Il entre au Collège de Montréal en 1959, où il se lie d'amitié avec Julien Poulin5. À l'école, il s'intéresse surtout au sport.

À l'âge de quinze ans, parmi la poignée de livres se trouvant au domicile familial, il découvre avec grand intérêt une vieille édition de l'ouvrage Les Patriotes de 1837-1838 de Laurent-Olivier David, dans lequel figurent notamment des lettres écrites par Chevalier de Lorimier avant son exécution. « L'Histoire se révélait. Mon histoire. J'apprenais des mots nouveaux. Des mots absents de l'école. Absents de la radio. Absents de la télévision. Des noms de villages où des hommes s'étaient battus jusqu'à la mort pour la liberté et l'indépendance de leur pays. De mon pays. […] L'Histoire soudain cessait d'être un mot abstrait. L'Histoire devenait essentielle, partie intégrante de ma vie »

Falardeau raconte qu'il aurait eu son premier contact direct avec la politique en 1962, dans le contexte de la campagne électorale qui mènera à la réélection de Jean Lesage. Son père l'aurait emmené à une assemblée publique au Monument national organisée par « les Amis du docteur Philippe Hamel », qui appuyaient le projet de nationalisation de l'électricité proposé par le gouvernement libéral sortant8. « Ce fut ma première leçon de politique. Avec mon père, je découvrais la détermination, l'acharnement et la patience. Il m'apprenait qu'il n'y avait rien de facile. Plus l'enjeu était grand, plus c'était difficile. »

Cette même année, il devient membre du Rassemblement pour l'indépendance nationale, après qu'une affiche de recrutement du parti lui a fait une forte impression. « Pour la première fois de ma vie, on m'appelait, moi, à combattre pour la liberté10. » Sa passion pour le projet indépendantiste québécois sera un thème récurrent dans la majorité, sinon la totalité de ses films.

Études.

En 1967, Falardeau entreprend des études en anthropologie11 à l’Université de Montréal, où il obtiendra un baccalauréat suivi d'une maîtrise. Le choix de ce champ d'études aurait été motivé par sa volonté d'échapper au conformisme associé aux professions libérales : « Je me cherchais une job où il n'y avait pas de cravate. […] Pour moi, l'anthropologie, c'étaient des gars qui faisaient du canot sur l'Amazone. […] Après ça, rendu à l'université, je me suis aperçu que c'était pas tout à fait ça, qu'il fallait lire des gros livres12… »

La Crise d'octobre, qui survient alors qu'il est toujours étudiant, le marquera profondément. La nouvelle de la mort de Pierre Laporte, qu'il apprend depuis la radio dans un taxi, le laisse alors sans voix13. Il milite par la suite pour la libération des prisonniers politiques victimes de l'instauration de la loi martiale au Québec. Le jour de Noël 1970, il se rend manifester avec quelques autres militants devant la prison Parthenais pour réclamer la libération des quelque 500 détenus s'y trouvant.

Débuts en cinéma

En 1971, il réalise son premier film, le court métrage Continuons le combat. Il le présentera comme le premier volet de son mémoire de maîtrise intitulé « La lutte », déposé en 1975. Falardeau répétera souvent que c'est en raison de sa difficulté à traduire par écrit ses observations qu'il a opté pour la caméra12, et c'est d'ailleurs dans des termes semblables qu'il justifie l'utilisation d'un document audio-visuel dans son mémoire : « L’image permet une meilleure compréhension du phénomène. Le langage écrit est bien pauvre quand il s’agit de présenter une description adéquate de l’ambiance, de l’atmosphère, des lieux, du déroulement du rituel14. »

Au cours des années 1970, il se joint à son ami comédien Julien Poulin dans la réalisation de plusieurs autres documentaires : À mort (1972), Les Canadiens sont là (1973), Le Magra (1975), À force de courage (1977), Pea Soup (1978, contenant la fameuse scène du PFK Kid15) et Speak White (1980).

Elvis Gratton

Ces premiers films, moins connus du public, culmineront avec la série des Elvis Gratton, mettant en scène un admirateur d'Elvis Presley, caricature de la petite bourgeoisie canadienne-française fédéraliste. Compilant trois courts métrages réalisés entre 1981 et 1985, le film Elvis Gratton : Le King des kings demeure aujourd'hui une œuvre marquante de la cinématographie québécoise et son personnage principal est entré dans le folklore québécois.

Les derniers films

En 1985, dépité par de nombreux refus de financement pour ses projets de films, Falardeau propose à l’ONF un projet de documentaire sur le Beaver Club, un cercle d'aristocrates issus traditionnellement du commerce de la fourrure. L'ONF accepte le projet et, avec l'aide de sa compagne Manon Leriche, il parvient à tourner des images du banquet annuel du Beaver Club16. Ces images ne seront toutefois utilisées qu'en 1993, après le tournage du Steak, pour servir de matériel au film Le Temps des bouffons, un documentaire pamphlétaire d'une quinzaine de minutes.

Par la suite, Falardeau réalise surtout des longs métrages de fiction. On retrouve des films plus dramatiques tels que Le Party (1989), Le Steak (1992), Octobre (1994) et 15 février 1839 (2001). Falardeau poursuivra aussi dans la comédie en réalisant deux suites au premier Elvis Gratton : Elvis Gratton 2 : Miracle à Memphis (1999) et Elvis Gratton 30 : La Vengeance d'Elvis Wong (2004).

Il a écrit également plusieurs textes, discours et lettres ouvertes, dont quelques-uns ont été publiés dans les recueils La liberté n'est pas une marque de yogourt (Stanké, 1995), Les bœufs sont lents mais la terre est patiente (VLB, 1999) et Il n'y a rien de plus précieux que la liberté et l'indépendance (VLB, 2009). Il a aussi eu l'occasion de collaborer comme chroniqueur dans plusieurs publications, notamment Le Couac et Le Québécois

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Depuis 2008, il était chroniqueur à l'hebdomadaire Ici.

Il meurt le 25 septembre 2009 à l'hôpital Notre-Dame de Montréal, des suites d'un cancer du rein métastatique, laissant trois enfants.

Ses funérailles sont célébrées à l'église Saint-Jean-Baptiste de Montréal le 3 octobre 2009 devant plus de 2 000 personnes. Les funérailles ont été télédiffusées en direct.

Le Jardinier des Molson

Le Jardinier des Molson, est un scénario inachevé de Pierre Falardeau. D'abord publié de manière posthume chez les éditions Le Québécois, il est repris par le dessinateur Richard Forgues sous la forme d'une bande dessinée. La publication de cette œuvre, décrite par le dessinateur comme un storyboard est principalement financé par des contributeurs via le site de socio-financement Kickstarter.

Voici le résumé de l’œuvre inscrit sur la quatrième de couverture :

« Vers la fin de 1918, dans le nord de la France, les soldats du 22e bataillon montent en première ligne. La section du sergent Jules Simard, soit une quinzaine d'hommes, est chargée d'occuper un poste avancé. Les soldats découvrent, avec angoisse, que les Allemands sont en train de creuser une mine sous la position pour la faire sauter. Quatre jours avant d'être relevés! Quatre jours et quatre nuits interminables à attendre la relève. Ou l'explosion. »

— La Grande Guerre au quotidien, dans toute son horreur.

Style et pensée politique

 

 Remarqué pour son caractère et son franc-parler, Falardeau se réclame, entre autres, de l'œuvre de pionniers du cinéma direct québécois comme Pierre PerreaultGilles Groulx et Michel Brault. Il estime les poètes Pablo Neruda et Gaston Miron, qu’il a beaucoup cités.

Falardeau dresse une analogie entre l'indépendance du Québec et d'autres luttes pour l'indépendance nationale et la décolonisation dans le monde :

« L'histoire nous enseigne que la défaite de 1760 marque le début de l'occupation militaire de notre territoire. La défaite de 1837-38, elle, marque le début de notre mise en minorité collective et l'annexion définitive de notre pays, annexion préparée par le Union Act de 1840 et consacrée par le système néocolonial de 1867. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : notre pays a été conquis par la force et annexé par la force. Et ce système féroce d'exploitation coloniale puis néocoloniale dure encore. Il dure depuis 238 ans. »

Son style mêle à la fois la réflexion intellectuelle, le joual et parfois même la vulgarité. En partie en raison de cette façon colorée de s'exprimer, les médias, en quête de sensationnalisme, ont souvent sollicité ses opinions.

Controverse

À compter de 1995, Falardeau travaille à un projet de film sur chevalier de Lorimier, un notaire pendu lors des soulèvements de 1837-1838, mais ne parvient pas à trouver de financement public, en raison, selon le cinéaste, de motifs politiques (note 16, p. 235-247). Une grande pétition d’intellectuels québécois et des manifestations publiques ont finalement raison du refus.

Les propos tenus par Falardeau dans les médias québécois ont souvent créé la controverse. Si plusieurs applaudissaient son discours, soulignant son courage et son intégrité, d'autres, au contraire, lui reprochaient sa vulgarité et ses positions extrémistes. Les positions parfois radicales de Falardeau étaient en effet loin de faire l'unanimité, et ses détracteurs lui reprochaient notamment :

  • d'être un sympathisant du Mouvement de libération nationale du Québec ;

  • d'avoir écrit, dans un texte commentant la mort de Claude Ryan en 2004, que son décès était « une bonne chose de faite » et en concluant le texte avec l'adresse : « Salut pourriture! »25 ;

  • d'avoir été vu, avec son ami Julien Poulin, ce dernier brandissant le drapeau du Hezbollah pendant une manifestation de soutien au Liban tenue à Montréal le 6 août 200626 ;

  • d'avoir traité en octobre 2008 le biologiste et environnementaliste David Suzuki de « petit japanouille à barbiche » dans les pages de l'hebdomadaire Ici, après que ce dernier se fut dit déçu des Québécois ayant appuyé le Parti conservateur.

Distinctions

1994 : prix L.-E.-Ouimet-Molson pour Octobre

  • 1996 : prix littéraire Desjardins pour La Liberté n'est pas une marque de yogourt

  • 2003 : prix du Patriote de l'année, remis par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

  • 2009 : prix Pierre-Bourgault pour Défense du peuple québécois

Filmographie

      1971 : Continuons le combat

Bibliographie

La biographie

Portrait d'un colonisé 1

Portrait d'un colonisé 2

Falardeau et les accommodements

Le temps des bouffons 2012

ou Sagard version courte

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