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Louis Riel

Photo tirée de Wikipédia

Texte de Wikipédia :

 

Louis « David » Riel (22 octobre 1844 – 16 novembre 1885) est un homme politique canadien, chef du peuple métis dans les Prairies canadiennes et fondateur de la province du Manitoba. Il a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien dans le but de protéger les droits et la culture des Métis, alors que l'influence canadienne se faisait de plus en plus sentir dans les Territoires du Nord-Ouest.

La première révolte est la rébellion de la rivière Rouge, de 1869 à 1870. Le gouvernement provisoire, établi par Louis Riel, négocie finalement l'entrée de la province du Manitoba dans la Confédération canadienne. Riel doit cependant s'exiler aux États-Unis en raison de l'exécution de Thomas Scott pendant ces événements. Malgré cet exil, il est largement considéré comme le « Père du Manitoba ». Durant cette période, il est élu à trois reprises à la Chambre des communes du Canada, bien qu'il n'ait jamais pu occuper son siège. C'est là qu'il commence à souffrir de troubles mentaux par intermittence, notamment d'illusions mystiques lui dictant qu'il était prophète de son peuple et le fondateur d'une nouvelle chrétienté. Cette conviction réapparaît plus tard dans sa vie et influence très probablement son action.

Louis Riel revient en 1884 dans l'actuelle Saskatchewan pour présenter les doléances du peuple métis au gouvernement du Canada. Cette résistance dégénère en confrontation armée connue sous le nom de rébellion du Nord-Ouest. Celle-ci est écrasée et se conclut par l'arrestation, le procès puis la pendaison de Riel pour trahison. Jouissant d'un fort capital de sympathie au Québec, sa mort a des répercussions durables sur les relations entre le Québec et le Canada anglophone. John A. McDonald, Premier Ministre canadien de l'époque, avait d'ailleurs donné le ton en déclarant : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur. »


La colonie de la rivière Rouge, près de Winnipeg, est une petite communauté de la Terre de Rupert, celle-ci étant directement administrée par la Compagnie de la Baie d'Hudson et essentiellement peuplée d'Amérindiens et de Métis, groupe ethnique constitué d'un mélange de CrisAssiniboinesSaulteauxCanadiens françaisÉcossais et anglais. Louis Riel, ainé de onze enfants, y nait en 1844 de Louis Riel (père) (1817-1864) et de Julie Lagimodière (1822-1906).

Son père accède au rang de notable au sein de la petite communauté francophone en organisant un groupe de soutien à Guillaume Sayer, Métis emprisonné pour avoir violé le monopole de la CBH en faisant le commerce avec les Américains. La libération de Sayer, sous la pression de Riel père, contribue à l'abrogation du monopole exercé par la Compagnie - le nom de Riel devint donc particulièrement connu dans la région. Sa mère est pour sa part la fille de deux des plus anciennes familles du territoire, arrivées dès la fondation de la colonie en 1812. Famille dévote, les Riel sont également très soudés.

Louis Riel (fils) suit tout d'abord les cours dispensés par les prêtres catholiques de Saint-Boniface dans le Manitoba. Remarqué par l'évêqueAlexandre Taché, qui promeut l'accession à la prêtrise pour les jeunes Métis les plus prometteurs, il part pour le petit séminaire du Collège de Montréal, au Québec, dirigé par la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice8. Les témoignages de cette époque laissent deviner un étudiant doué pour les langues, les sciences et la philosophie, mais de tempérament lunatique.

À l'annonce de la mort soudaine de son père en 1864, Riel se détache de sa vocation de prêtrise et quitte le collège en mars 1865. Il continue d'étudier quelque temps au couventdes sœurs grises, mais est expulsé après plusieurs problèmes d'indiscipline. Il reste chez sa tante Lucie Riel à Montréal pendant quelques mois, mais, appauvri par le décès de son père, il prend un emploi de clerc chez l'avocat Rodolphe Laflamme. C'est à cette même époque qu'il vit une mésaventure amoureuse avec une Montréalaise du nom de Julie Guernon : ayant signé un contrat de mariage, le couple doit faire face à l'opposition de la famille de la fiancée, qui rejette toute union avec un Métis; le contrat est rompu. Que ce soit par dépit amoureux ou lassitude d'un poste juridique inintéressant, Louis quitte le Québec vers 1866 pour aller travailler à Chicago, vivant en compagnie du poète Louis-Honoré Fréchette, puis officie comme agent administratif à Saint Paul avant de retourner à la rivière Rouge le 26 juillet 1868.

 

La Rébellion de la rivière Rouge

Article détaillé : Rébellion de la rivière Rouge.

Situation 

La Terre de Rupert.

La majeure partie de la population de la rivière Rouge est historiquement d'origine métisse et amérindienne. À son retour, Riel trouve des tensions religieuses, nationalistes et raciales exacerbées par l'arrivée de nouveaux colons anglophones protestantsvenus de l'Ontario voisin. La situation politique générale n'est également pas très bonne, les négociations pour le transfert de la souveraineté de la Terre de Rupert de la Compagnie de la Baie d'Hudson au Canada n'ayant pas abordé la question de la représentation politique. Enfin, et malgré les avertissements de l'évêque Taché et du gouverneur William Mactavish au gouvernement Macdonald, celui-ci demande un recensement et cadastrage du territoire : l'arrivée du colonel John Stoughton Dennis et de son équipe le 20 août 1869 augmente les tensions chez les Métis, beaucoup ne possédant aucun titre de propriété pour les terres qu'ils exploitent, terres qui de toute façon sont réparties selon le système seigneurial de la Nouvelle-France plutôt que selon le système britannique.

L'émergence de Riel comme chef

À la fin du mois d'août, Riel dénonce la menée de ce recensement et, le 11 octobre 1869, les travaux de Dennis sont interrompus par un groupe de Métis dont il fait partie. Ce groupe prend le 16 octobre le nom de Comité National Métis, avec Riel comme secrétaire et John Bruce comme président. Lorsque le Conseil d'Assiniboine (contrôlé par la Compagnie de le Baie d'Hudson) lui demande de s'expliquer, Riel déclare que toute tentative de prise de contrôle du territoire par le Canada serait rejetée tant qu'Ottawa n'en aurait pas d'abord négocié les termes avec les Métis. En dépit de cela, l'anglophone McDougall est nommé gouverneur général et, lorsqu'il tente de visiter la colonie le 2 novembre, il est repoussé à la frontière américaine. Le même jour, Louis Riel et un groupe de Métis s'emparent de Fort Garry sans coup férir. Le 6 novembre, Riel invite les anglophones à s'associer aux représentants métis pour définir un plan d'action, et le 1er décembrepropose lors de cette convention une liste de droits essentiels à garantir pour que l'union avec le Canada soit acceptable. La majorité de la colonie accepte le point de vue métis, mais une minorité farouchement pro-canadienne commence à organiser son opposition; coalition hétérogène nommée Parti canadien, ce groupe est dirigé par John Christian SchultzCharles Mair, le colonel Dennis et le major Charles Boulton réticent.

Dans une tentative de réaffirmer son autorité, McDougall autorise Dennis à lever un contingent d'hommes armés : cet appel aux armes reste largement ignoré des anglophones, mais Schultz réussit de son côté à mobiliser une cinquantaine de recrues, qui se retranchent dans sa maison et son magasin. Cernés par les hommes de Riel, les Canadiens se rendent rapidement et sont emprisonnés à Fort Garry.

Gouvernement provisoire 

Le gouvernement provisoire métis (Riel au centre et Lépine en haut 3e à partir de la droite).

À l'annonce de la rébellion, Ottawa envoie trois émissaires, dont le Baron Donald Alexander Smith, représentant de la Compagnie de la Baie d'Hudson, à la colonie de la rivière Rouge. Alors qu'ils sont en chemin, le comité national Métis instaure un gouvernement provisoire le 8 décembre, Louis Riel en étant nommé président le 27 décembre. La délégation canadienne rencontre Riel les 5 et 6 janvier 1870, mais sans résultats. Smith décide alors de s'adresser directement aux colons, et les assure lors de réunions tenues les 19 et 20 janvier de la bonne volonté du gouvernement dans cette affaire, menant Riel à proposer la formation d'une nouvelle convention, composée à parts égales de colons francophones et anglophones, pour discuter de l'offre de Smith. Entre temps, le 8 janvier 1870, le gouvernement provisoire de Riel nomma Ambroise-Dydime Lépine, un des compagnons métis proche de Riel, adjudant général chargé de rendre la justice. Quelques semaines plus tard, Ambroise-Dydime Lépine fut élu pour représenter Saint-Boniface au congrès de 40 délégués de la colonie. Il fut ensuite nommé chef du conseil militaire, un sous-comité de ce congrès. Le 7 février, une nouvelle liste de droits est présentée à la délégation d'Ottawa, Smith et Riel s'accordant sur l'envoi d'émissaires auprès du gouvernement pour y commencer des négociations directes et basées sur ladite liste.

La résistance canadienne et l'exécution de Scott

 

L'exécution de Scott.

En dépit des progrès réalisés au niveau politique, les membres du Parti canadien continuent de s'organiser contre le gouvernement provisoire. Le 17 février, 48 de ses membres, dont Boulton et Thomas Scott, sont appréhendés près de Fort Garry.

Boulton est jugé par un tribunal mené par Ambroise-Dydime Lépine et condamné à mort pour complot contre le gouvernement provisoire. Il est immédiatement gracié, mais Scott interprète ce geste comme un aveu de faiblesse des Métis, qu'il méprise ouvertement. Après plusieurs altercations avec ses gardes, ces derniers demandent à ce qu'il soit jugé pour insubordination. Au terme de son procès, il est reconnu

coupable de refus d'obéissance à l'autorité du gouvernement provisoire et il est condamné à mort. On demande à Riel de commuer la sentence, mais Donald Smith rapporte que Riel répondit à ses supplications :

« J'ai fait trois bonnes actions depuis mes débuts : j'ai épargné Boulton à votre demande, j'ai pardonné à Gaddy, et maintenant je vais tuer Scott. »

Scott est fusillé le 4 mars 187030. Les raisons qui poussèrent Riel à autoriser cette exécution ont fait l'objet de nombreuses spéculations, mais sa propre justification était qu'il se devait de montrer aux Canadiens que les Métis devaient être pris au sérieux.

Création du Manitoba et Expédition de Wolseley 

Article détaillé : Expédition de Wolseley.

Les représentants du gouvernement provisoire partent pour Ottawa en mars 1870. Bien que devant faire face à des difficultés légales du fait de l'exécution de Scott, ils sont rapidement en mesure de négocier directement avec Macdonald et George-Étienne Cartier. Un accord basé sur la plupart des demandes de la liste de droits est conclu, formant la base du texte d'admission de la nouvelle province du Manitoba dans la Confédération canadienne le 12 mai 1870. Les émissaires métis ne peuvent cependant pas négocier une amnistie générale pour les membres de leur gouvernement provisoire.

Afin d'exercer la souveraineté canadienne sur la colonie et de décourager les expansionnistes américains, une expédition militaire canadienne, dirigée par le colonel Garnet Wolseley est alors mandatée à la rivière Rouge. Bien que l'opération soit décrite par le gouvernement comme « de routine », Riel apprend que des éléments de la milice du Haut-Canada projettent de le lyncher. Il décide de fuir avant leur arrivée le 24 août, date qui marque la fin effective de la rébellion de la rivière Rouge.

Les années d'exil

L'amnistie

Le nouveau lieutenant-gouverneur Adams George Archibald arrive le 2 septembre 1870 et débute la mise en place d'un gouvernement civil pour la province. En l'absence d'amnistie, et voyant ses partisans agressés et intimidés par la milice canadienne, Riel s'enfuit de l'autre côté de la frontière, dans la mission Saint-Joseph du territoire du Dakota. Les élections de décembre 1870 voient nombre de ses alliés être élus; cependant, le stress et les premiers symptômes de ses futurs problèmes psychiatriques l'empêchent de rejoindre le Manitoba avant mai 1871.

 

Louis Riel, v. 1886.

La colonie se trouve alors face à une nouvelle menace, venue cette fois des Fenians américains, menés par son ancien associé William Bernard O'Donoghue. Même si le danger est exagéré, Archibald proclame une mobilisation générale le 4 octobre 1871. Plusieurs compagnies de cavaliers, dont une menée par Riel, sont levées. À la revue des troupes, à Saint-Boniface, Archibald serre ostensiblement la main de Riel, indiquant par là qu'un rapprochement est en cours. Lorsque la nouvelle atteint l'Ontario, Mair et plusieurs membres du parti Canada First attisent les sentiments anti-Riel (et anti-Archibald) parmi les anglophones. Les élections générales de 1872 approchant, Macdonald ne peut se permettre un nouveau durcissement des relations entre le Québec et l'Ontario: il s'arrange donc pour que l'évêque Taché offre à Riel une prime de 1 000 $ pour que celui-ci s'exile volontairement. L'offre est augmentée de 600 £ par Smith pour subvenir aux besoins de la famille de Riel. En l'absence d'alternative, Riel accepte l'offre et arrive à Saint Paul le 2 mars 1872. Il revient cependant dès la fin juin, et décide de se porter candidat aux élections fédérales en tant que représentant du district de Provencher, pour se retirer début septembre en faveur de Georges-Étienne Cartier (un partisan de son amnistie), qui vient de perdre dans sa circonscription du Québec. Cartier gagne par acclamation, mais sa mort le 20 mai 1873 marque la fin des espoirs de Riel que la question de son amnistie soit rapidement résolue. Lors de l'élection partielle qui suit en octobre de la même année, Riel court sans adversaire alors qu'il a déjà quitté le pays - un mandat d'arrêt avait été lancé contre lui dès septembre. Moins chanceux, Lépine est arrêté et jugé. Se rendant à Montréal, et incertain quant aux menaces potentielles d'arrestation ou d'assassinat, Riel hésite à siéger à la Chambre des communes — Edward BlakePremier ministre de l'Ontario, est allé jusqu'à promettre une récompense de 5 000 $ CA pour sa capture. Riel est donc le seul députécanadien absent du grand débat sur le Scandale du Pacifique de 1873 qui précipite la démission de Macdonald en novembre. Le libéralAlexander Mackenzie devient Premier ministre par intérim, gagne les élections de janvier 1874, et Riel conserve de son côté facilement son siège en tant qu'indépendant. La règle voulant qu'un registre soit formellement signé à la chambre par tout élu, Riel s'y rend et le paraphe incognito à la fin du mois de janvier. Il est tout de même démis de son siège à la suite d'une motion déposée par Schultz, devenu lui-même député du district de Lisgar. Riel est facilement réélu à l'élection partielle qui s'ensuit et, bien que démis à nouveau de sa députation, la symbolique de son geste est suffisante pour que l'opinion publique québécoise penche fortement de son côté.

Exil et fragilité mentale 

Pendant ce temps, Riel s'installe à PlattsburghNew York, dans le village francophone de Keeseville. C'est là qu'il apprend la condamnation à mort de Lépine après son procès pour le meurtre de Scott. La presse québécoise s'enflamme, et les appels à la clémence pour Lépine et Riel se multiplient. Mackenzie, politiquement coincé entre des demandes québécoises et ontariennes opposées, ne doit son salut qu'à l'intervention spontanée du gouverneur-général Lord Dufferin, qui commue la peine de Lépine en janvier 1875 : sur cette base, le Premier ministre obtient du Parlement une amnistie pour Riel, à charge pour celui-ci de rester en exil pendant cinq ans.

Cette période d'exil est pour lui dominée par des questions religieuses plutôt que politiques. Influencé par un prêtre catholique québécois de son entourage, il se convainc graduellement de son destin divin de leader des Métis. Ses biographes ont longtemps spéculé qu'il pourrait s'agir d'une condition psychopathologique proche du narcissisme. Quoi qu'il en soit, sa santé mentale décline et, à la suite d'une violente crise, il est emmené à Montréal pour être gardé par son oncle, John Lee. Après que Riel eut perturbé la tenue d'un service religieux, Lee le fait interner à l'asile de Longue-Pointe le 6 mars 1876 sous une fausse identité (Robert Louis David)11. Craignant qu'il ne soit démasqué, ses docteurs le transfèrent peu après à Beauport, près de Québec sous le nom de Louis Larochelle. Bien que sujet à des crises sporadiques, Riel continue ses écrits religieux, ses pamphletsthéologiques mélangeants thématiques juifs et chrétiens. C'est ainsi qu'il commence à se faire appeler Louis David Riel, prophète du Nouveau Monde. Il n'en finit pas moins par se rétablir, et peut quitter l'asile le 23 janvier 1878. Il retourne quelque temps à Keeseville, où il a une aventure passionnée avec Evelina Martin dite Barnabé, sœur de son ami l'Oblat Fabien Barnabé26. Faute de fonds, il ne peut l'épouser et s'en retourne vers l'Ouest, espérant qu'elle le suivrait. Elle préfère cependant rester dans son village plutôt que de tenter la vie dans la Prairie, ce qui met fin à leur liaison.

Montana et vie de famille 

 

Jean-Louis et Marie-Angélique Riel, enfants de Louis Riel.

À l'automne 1878, Riel s'en retourne à Saint Paul pour revoir ses amis et sa famille. Cette période est riche en changements pour les Métis de la rivière Rouge - les bisons dont ils dépendaient se font plus rares, les colons de plus en plus présents, et nombreux sont ceux qui ont vendu leurs terres à des spéculateurs sans scrupules. À l'instar de nombreux Métis quittant le Manitoba, Louis Riel part vers l'ouest afin de prendre un nouveau départ : il devient commerçant et interprète dans la région de Fort Benton, dans le territoire du Montana. Il essaie même d'empêcher le commerce du whisky, dont il voit les effets dévastateurs sur les populations indienne et métisse. Il épouse Marguerite Monet dite Bellehumeur (18611886), une jeune Métis, le 28 avril, union formalisée le 9 mars 188241. Le couple a trois enfants : Jean-Louis (1882–1908), Marie-Angélique (1883–1897) et un garçon mort-né le 21 octobre 1885, soit moins d'un mois avant la propre mort de Riel.

Louis Riel prend rapidement parti dans la vie politique du Montana et, en 1882, mène campagne pour le Parti républicain. Il va jusqu'à poursuivre les Démocrates en justice pour fraude électorale, mais est lui-même accusé d'avoir fait voter des citoyens britanniques.[réf. souhaitée]42 Il réplique en demandant la naturalisation américaine, qui lui est accordée le 16 mars 188343. À partir de 1884, il devient enseignant à la mission jésuite du district de Sun River, dans le Montana.

La Rébellion du Nord-Ouest 

Article connexe : Rébellion du Nord-Ouest.

Tensions dans la Saskatchewan 

Après la Rébellion de la rivière Rouge, nombreux sont les Métis à s'installer plus à l'ouest, dans la vallée de la Saskatchewan, en particulier le long du bras sud de la rivière, à proximité de la mission Saint-Laurent (près de l'actuelle ville de Saint-Laurent de Grandin). Mais, dès le début des années 1880, il devient clair que l'émigration vers l'Ouest n'est pas la panacée aux problèmes des Métis et des Indiens des plaines. L'effondrement des stocks de bisons place les Cris et Pieds-Noirs (Blackfoot) au bord de la famine, situation exacerbée par la diminution de l'aide gouvernementale en 1883, ainsi que d'une manière générale par l'incapacité d'Ottawa à remplir ses obligations en vertu des traités existants. Abandonnant la chasse, les Métis se mettent à l'agriculture; cette transition est cependant contrariée par les mêmes conflits sur la propriété des terres que ceux rencontrés dans le Manitoba. De plus, la pression migratoire des colons européens et canadiens se faisant plus fort, ceux-ci développent leurs propres griefs vis-à-vis de l'administration du territoire. Toutes les parties ont donc de sérieux motifs d'insatisfaction et, dès 1884, les communautés anglophones, anglométisse et métisse commencent à adresser leurs plaintes à un gouvernement central largement indifférent. Le 24 mars, une trentaine de représentants métis réunis dans le village de Batoche votent pour demander à Louis Riel de revenir représenter leur cause.

 

Le 6 mai 1884, une « Union des colons » réunissant des délégués métis et anglophones de la ville de Prince Albert décide d'envoyer une délégation officielle auprès de Riel pour que celui-ci les aide à présenter leurs doléances au gouvernement canadien.

Le retour de Riel 

Le chef de la délégation est Gabriel Dumont, un chasseur de bison respecté et chef des Métis de Saint-Laurent, qui a déjà rencontré Riel au Manitoba. Ce dernier est rapidement convaincu de rejoindre la cause métisse — réaction compréhensible, persuadé qu'il est de sa destinée en tant que chef métis et de son statut de prophète d'une nouvelle chrétienté. Un autre objectif probable de Riel est de profiter de toute nouvelle source d'influence pour résoudre ses propres problèmes fonciers au Manitoba.

Quoi qu'il en soit, le groupe part le 4 juin pour arriver à Batoche le 5 juillet 1884. À son arrivée, une série de discours prônant la modération et une approche raisonnée lui gagnent le soutien des populations métisse et anglophone. Les leaders cris Big Bear et Poundmaker ayant eux aussi formulé au cours du mois de juin diverses plaintes à transmettre au gouvernement, ils se réunissent peu après avec Riel pour discuter d'une démarche commune avec les colons. Mais, leurs demandes étant très différentes de celles de ces derniers, aucun accord n'est trouvé. Sur proposition de Riel, Honoré Jackson et d'autres délégués commencent à mettre leurs revendications par écrit et, le 28 juillet, produisent un programme détaillant les problèmes et les objectifs des colons. Dans les mois qui suivent, un comité mixte anglophones Métis (avec Jackson comme secrétaire) travaille à aplanir les différences entre les propositions des communautés, alors même que le soutien à Riel commence à diminuer : la teneur de ses déclarations s'éloigne de plus en plus du catholicisme romain, et le clergé prend graduellement ses distances avec lui. Le père Alexis André va jusqu'à lui déconseiller officiellement de mélanger religion et politique. Enfin, la presse anglophone, en partie soudoyée par le lieutenant-gouverneur et commissaire aux affaires indiennes Edgar Dewdney, adopte une position de plus en plus critique vis-à-vis de Riel. Le travail de la délégation n'en continue pas moins et, le 16 décembre, Riel peut envoyer le texte du comité au gouvernement central, demandant en outre qu'une délégation puisse être accueillie à Ottawa pour entreprendre des négociations directes. Le texte est reçu par Joseph-Adolphe Chapleau, Secrétaire d'État du gouvernement Macdonald, bien que celui-ci niera plus tard l'avoir jamais lu.

La rupture avec l'Église 

En attente de nouvelles de la part d'Ottawa, Riel songe à retourner dans le Montana, mais finit par se décider à rester. Limité dans ses possibilités d'action, il se tourne vers la prière de manière obsessionnelle, attitude liée à une rechute de ses troubles psychologiques et qui tend rapidement ses liens avec le clergé catholique, ses prêches confinant de plus en plus à l'hérésie. Le 11 février 1885, une réponse est enfin reçue : le gouvernement propose de recenser la population du Territoire du Nord-Ouest et de former une commission d'enquête pour étudier les différents problèmes rencontrés par les populations locales. Les Métis, interprétant ce geste comme une manœuvre dilatoire, accueillent mal la nouvelle : une faction se constitue rapidement qui prône la révolte armée. Cette option est cependant rejetée par l'Église, les anglophones et même les Métis regroupés autour de Charles Nolin. Mais Riel, sans doute de plus en plus sous l'emprise de ses visions messianiques, se rapproche de son côté des partisans d'une action violente. Le 15 mars, il interrompt une messe à l'église de Saint-Laurent pour y présenter ses arguments. Interdit de sacrements, il parle de plus en plus ouvertement de sa « révélation divine ». Désabusés par le statu quo ambiant et galvanisés par le charisme et l'éloquence de Riel, nombre de Métis lui restent cependant fidèles, ceci en dépit de sa demande que l'évêque Bourget soit nommé Pape et de ses affirmations selon lesquelles « Rome est tombée ». Un des ecclésiastiques de Saint-Laurent rapporta plus tard :

« […] dans son étrange et inquiétante folie, [il] fascinait nos pauvres Métis comme le serpent fascine ses proies. »

Révolte 

Le 18 mars 1885, on apprend que la garnison de la Police montée du Nord-Ouest stationnée à Prince Albert va être renforcée. Même si seulement 100 hommes sont envoyés pour répondre aux demandes du père André et du surintendant du Territoire L.N.F. Crozier, la rumeur enfle et ce sont rapidement 500 hommes lourdement armés qui sont annoncés. À bout de patience, les hommes de Riel prennent les armes, s'emparent d'otages et coupent les liaisons télégraphiques entre Batoche et Prince Albert. Un gouvernement provisoire est nommé le 19 mars, avec Riel comme chef politique et spirituel et Dumont comme chef militaire. Riel nomme un conseil, appelé Exovedat (néologisme signifiant « ceux qui ont quitté le troupeau »), et envoie des émissaires auprès de Poundmaker et Big Bear. Le 21 mars, les représentants de Riel demandent la reddition de Fort Carlton, sans résultat. La situation devenue critique, Dewdney envoie le 23 mars un télégramme à Macdonald le pressant d'intervenir militairement. C'est à ce moment qu'une escarmouche entre un groupe mené par Gabriel Dumont et une patrouille venue de Fort Carlton éclate. La police est mise en déroute lors de cette bataille du lac aux Canards et, à l'annonce de celle-ci, les Indiens se soulèvent aux côtés des Métis : la Rébellion du Nord-Ouest a commencé.

 

Prisonniers métis après la bataille de Batoche, 1885.

Riel parie sur l'incapacité du gouvernement central à répondre de manière effective à une révolte dans le lointain nord-ouest canadien, le forçant du coup à s'asseoir à la table des négociations. La même stratégie avait, de fait, fonctionné lors de la rébellion de 1870. Cependant, Riel dans son calcul néglige un aspect essentiel : en 1870, les premières troupes n'étaient pas arrivées avant 3 mois, alors que désormais elles peuvent profiter du réseau naissant du Canadien Pacifique. En dépit d'une liaison transcontinentale encore incomplète, les premières troupes régulières et de milice, sous le commandement du Major-Général Frederick Dobson Middleton, arrivent à Duck Lake moins de 2 semaines après la prise du pouvoir par Riel. Conscient qu'il ne peut vaincre les Canadiens lors d'une confrontation directe, Dumont mise sur une longue et épuisante campagne de guérilla ; la bataille de la coulée des Tourond, le 24 avril, est dans cette optique un succès modeste, mais réel. Riel insiste cependant pour que les forces rebelles soient concentrées autour de Batoche, « Ville de Dieu ». L'issue de la Bataille de Batoche, qui s'ensuit du 9 au 12 mai, ne fit pas de doute et le 15 c'est un Riel hagard qui se rend aux forces canadiennes. Bien que les forces de Big Bear résistent encore jusqu'à la bataille de Loon Lake le 13 juin, la rébellion est un échec complet pour les Indiens et les Métis, la plupart fuyant ou faisant acte de reddition.

Minutes de patrimoine: Louis Riel

La Crise Économique et les Métis

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Alexandre Belliard – Riel

L’héritage de Louis Riel

Opéra Louis Riel: l’histoire revisitée

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